Réglementations d’importation
Dans le domaine du commerce extérieur, la réglementation des importations revêt une importance cruciale pour l’agriculture suisse. L’ordonnance sur les importations agricoles contient les dispositions fondamentales qui régissent entre autres les permis d’importation, la fixation de certains droits de douane ou la répartition des contingents tarifaires. Nombre d’importateurs et de consommateurs s’interrogent sur le bien-fondé de la multiplicité des règles auxquelles sont soumises les importations, d’autant que les accords de libre-échange sont de plus en plus nombreux. C’est pourquoi l’Office fédéral de l’agriculture ne ménage pas ses efforts pour simplifier ces règles et en réduire la charge administrative autant que faire se peut. À cet égard, le Conseil fédéral a pris une décision importante en abrogeant, suivant la proposition de l’OFAG, les dispositions subordonnant l’octroi de permis d’importation des marchandises contingentées au versement du prix d’adjudication.
Ces dispositions, selon lesquelles les marchandises importées ne pouvaient l’être au taux du contingent que si le montant du prix d’adjudication était entièrement réglé, avaient pour but d’empêcher que l’adjudicataire n’épuise sa part de contingent avant d’en avoir réglé le prix. L’abandon de cette disposition a permis de réduire nettement le délai fixé pour le paiement, compris ordinairement entre un et cinq mois selon la nature des denrées et la durée de l’adjudication. Les opérateurs qui importaient des marchandises contingentées avant d’en avoir réglé le prix s’exposaient à ce que l’Administration fédérale des douanes fasse passer ces marchandises sous le régime de l’importation hors contingent. (Par ailleurs, les importateurs pouvaient se libérer de cette obligation au moyen d’une garantie, c’est-à-dire une garantie bancaire ou un cautionnement). Dans un arrêt rendu le 24 janvier 2014, le Tribunal fédéral a jugé la pénalité disproportionnée. Étant donné que l’exécution de ce jugement aurait entraîné la modification des dispositions concernées, le Conseil fédéral a préféré les abroger complètement dans l’OIAgr au 1er janvier 2016, compte tenu de la simplification administrative attendue par les importateurs. Les autres dispositions touchant le versement du prix d’adjudication, les délais et celles qui portent sur le recouvrement des créances restent inchangées.
Le Conseil fédéral a également pris une mesure de simplification administrative concernant les importations d’orge, d’avoine et de maïs, réglementées par le contingent tarifaire no 28 (céréales secondaires destinées à l’alimentation humaine). Auparavant, seules étaient admises à l’importation les entreprises qui transformaient ces produits dans leur propre entreprise, laquelle devait être dotée des machines nécessaires, s’engageaient à fabriquer des denrées pour l’alimentation humaine en respectant le rendement minimal fixé, tout en s’acquittant de la différence entre les droits de douane en cas de rendement insuffisant. Grevé de tant de règles et de prescriptions, la réglementation du marché ne pouvait être ni libérale, ni efficace sur le plan administratif. C’est pourquoi les dispositions en ont été simplifiées. Depuis 2016, l’importateur de céréales contingentées ne doit plus s’engager auprès de l’Administration fédérale des douanes qu’à employer ces céréales pour l’alimentation humaine et à obtenir le rendement minimal. Malgré tout, même au moyen d’un arsenal réglementaire réduit, l’État garde le contrôle qu’il exerce sur ces importations et garantit que ces denrées restent principalement destinées à l’alimentation humaine.
Au cours de l’année sous revue, il a fallu de nouveau augmenter certains contingents d’importation pour répondre aux besoins de la consommation nationale. Par exemple, cette mesure s’est imposée temporairement pour les plants de pommes de terre, les pommes de terre fraîches (achetées telles quelles) et les pommes de terre destinées aux industries de transformation. La faiblesse de la récolte, principalement composée de tubercules de petit calibre, a conduit à un net accroissement de la demande de pommes de terre d’importation, surtout de la part des transformateurs. Dans ces circonstances et compte tenu de l’augmentation régulière des demandes déposées ces dernières années, l’OFAG a suggéré au Conseil fédéral d’augmenter au moins le contingent de plants de pomme de terre, pour le faire passer définitivement de 2 500 à 4 000 tonnes à compter de 2017.
Il appartient également à l’OFAG d’adapter périodiquement les taxes douanières prélevées sur le sucre, les céréales, les fourrages et les oléagineux, conformément au mandat que le Conseil fédéral lui a confié dans un cadre réglementaire strict. Ces taxes, composées des droits de douane proprement dits et des contributions au fonds de garantie, variaient en 2015 en fonction des produits qu’elles frappaient : inchangées sur les céréales panifiables, modifiées au 1er février sur le sucre, elles ont subi comme d’habitude des modifications mensuelles sur les fourrages et les oléagineux, étant donné la variété des produits classés dans ces deux catégories.
Le rapport rendu public par le Conseil fédéral sur les mesures tarifaires prises en 2015 contient la liste des ordonnances modifiées en ce qui concerne le contingentement des produits agricoles importés. En outre, le document fait état de l’attribution des contingents tarifaires. L’OFAG publie ces informations sur son site internet, sous la rubrique (« thèmes ») www.import.ofag.admin.ch, mais aussi d’autres données concernant l’importation des produits agricoles.
Répartition des contingents d’importation de viande rouge en fonction des abattages
C’est en 2015 que, pour la première fois, 40 % des parts de contingent d’importation de viande de bovins, d’ovins, de caprins et d’équidés ont été attribuées en fonction du nombre d’abattages, et calculées sur la base des demandes déposées par les « bénéficiaires de cession » dans la base de données sur le trafic des animaux (BDTA) avant le 31 août 2014. (Le bénéficiaire de cession est le cessionnaire d’une part de contingent qui lui a été cédée par l’abattoir inscrit dans la BDTA ; cela peut être aussi l’abattoir lui-même. D’ailleurs, le formulaire en ligne est conçu de telle sorte que l’abattoir figure par défaut dans le champ du bénéficiaire de cession.) L’attribution de parts de contingents pour l’année 2016 a eu lieu sur la base des abattages dans la période comprise entre le 1er juillet 2014 et le 30 juin 2015, alors que pour l’année 2015, la période de référence était plus brève (du 1er janvier au 30 juin 2014). Autrement dit, le calcul des parts de contingents pour l’année sous revue se base pour la première fois sur le nombre d’abattages d’une année entière. C’est pourquoi le nombre des abattages pris en considération pour l’importation de viande d’ovins et d’équidés a plus que doublé entre l’année sous revue et l’année précédente. De même, ce nombre a augmenté de 80 % pour les bovins, mais de 46 % seulement pour les caprins, abattus surtout le printemps. Il faut signaler le nombre satisfaisant des abattages pris en considération pour l’attribution de parts de contingents, par rapport au nombre total des animaux abattus. Dans l’ensemble, ce rapport est de 97,7 % en moyenne, ce qui représente une progression de presque 7 % par rapport à la première période de référence enregistrée. Cette forte augmentation est due principalement à celle qui s’observe dans la viande de bœuf, où 98,4 % des 640 872 abattages ont été pris en considération. Le tableau ci-dessous contient plus de données sur le sujet.
Le tableau donne aussi des indications sur la répartition des parts de contingents entre les opérateurs. Dans les quatre catégories de viandes, cette répartition est à la fois assez large, puisque 279 opérateurs (244 en 2014) se sont vu attribuer des parts de contingent, et assez inégale, puisque la somme des cinq parts les plus importantes a augmenté dans les quatre catégories de viandes pour se situer entre 52 % et 64 % du contingent. Simultanément, le nombre des détenteurs de contingents qui représentent moins de 1 % a aussi augmenté, sauf en ce qui concerne la viande de bœuf, où ce nombre (210) est exactement le même que l’an dernier. On aurait pu s’attendre à ce que la somme de ces parts de contingents augmente, vu que le nombre des petits détenteurs a progressé. Cela n’a pas été le cas : cette somme est en hausse (5 %) dans la viande de caprins seulement, à peu près stable dans les viandes de bovins et d’équidés, en baisse (3 %) dans la viande d’ovins.
Adjudication des parts de contingents 2015
Les modes d’attribution des parts de contingents sont l’un des grands objets de la réglementation des importations. Les parts de contingents qui ne sont pas attribuées dans l’ordre de réception des déclarations en douane sont souvent mis aux enchères. Pour la période 2015, l’OFAG a procédé à 95 adjudications, dont le nombre est passé au-dessous de la centaine, étant donné que seules 84 parts de contingent concernaient l’importation de viande, dont aucune ne concernait la viande de porc.
L’année 2015 a également été marquée par la diminution du volume des parts de contingent vendus aux enchères, un phénomène du à l’introduction du nouveau système de répartition. En effet, 40 % des parts de contingents de viande de bovins, d’ovins, de caprins et d’équidés ont été attribués en fonction du nombre d’abattages. Il s’en est suivi un recul de 18 % des volumes de viande importées sous contingentement et attribuées par adjudication, qui sont passés de 87 553 à 71 919 tonnes. Le produit de la vente de viande a diminué de 14,9 % (–35,3 millions de francs) et se montait en 2015 à 201,1 millions de francs. Les volumes accusent une baisse plus marquée que les produits parce que, de façon générale, les prix payés au terme de l’adjudication ont augmenté. Dans les parts de contingents vendues selon le nouveau mode d’attribution, tant le volume que le produit de la vente ont régressé (–51 % pour atteindre 15 358 tonnes, et –41,3 % pour atteindre 38,5 millions de francs). Cependant, le prix d’adjudication moyen a augmenté de 10 centimes pour atteindre 2 francs 80 par kilo, toutes catégories de viandes confondues, et même de 60 centimes pour atteindre 3 francs 60 pour les 40 % du contingent concernés par le nouveau mode d’attribution.
Presque tous les participants aux ventes aux enchères ont fait leurs offres par internet. Ce sont ainsi 80 % des offres (8 000 au total) qui ont été faites en ligne, une proportion qui reste stable. Celle-ci aurait même augmenté, si l’application n’avait pas connu au début du mois de juin, c’est-à-dire à l’échéance trimestrielle prévue pour l’attribution des parts de contingent, la seule panne notable de son histoire.
Le tableau ci-dessous présente de façon plus détaillée le résultat des ventes de parts de contingents pour la période 2015.
Résultats des mises en adjudication pour la période contingentaire 2015
Emanuel Golder, OFAG, Secteur Importations et exportations, emanuel.golder@blw.admin.ch
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